🇲🇷 Nouadhibou
Le 13 janvier nous savons qu'une grosse journée nous attend. C'est aujourd'hui que nous passons la frontière de Guerguerat / PK55 pour rejoindre la Mauritanie 🇲🇷 Nous avons dormi sur la station service toute proche et dès notre réveil nous nous installons dans la file d'attente de la frontière qui n'ouvre qu'à 9h. Nous sommes environ le 45e véhicule de la file "voiture". À côté de nous c'est la file "camion" qui progresse beaucoup plus vite que la nôtre depuis l'ouverture du poste-frontière marocain 🥲 Nous hésitons beaucoup à prendre cette file car nous avons un gros gabarit mais nous restons dans notre file "voiture". Il est déjà 10h30 quand un policier nous invite à passer dans la file "camion" et nous lui en sommes reconnaissants car cela nous assure que nous n'aurons pas à sortir l'intégralité de nos affaires du camping-car vu que nous passerons au scanner de véhicules 🙏 Car à la sortie du Maroc les contrôles douaniers sont drastiques et il n'est pas rare de voir les véhicules de la file "voiture" exposer sur le trottoir l'intégralité de leur contenu, qui peut parfois faire rougir certains camions soit dit en passant 😳
Après le passage à l'immigration, c'est là que les choses sérieuses commencent. Fort heureusement un homme sympathique, transitaire de son état, nous aide à aller au bon guichet et négocie pour que nous puissions passer au scanner avant les camions normalement devant nous 🚛 Il ne nous demandera rien pour cet acte de pure générosité. Voilà donc le bolide dans le petit hangar renfermant le scanner et nous laissons la procédure se dérouler à l'extérieur du bâtiment à cause des rayons X. On récupère le papier du résultat qui indique une anomalie 😬 Anomalie rapidement levée par les policiers chargés de fouiller notre véhicule : quand ils voient que c'est un camping-car, ils font demi-tour et nous contresignent le papier de résultat du scanner. Enfin nous arrivons à la dernière grande étape : obtenir la signature de l'Inspecteur des Douanes 👮 Celui-ci est dans un petit bureau et semble très affairés. Cette attente dure un peu longtemps et Matthieu fait alors la connaissance de Alain qui déménage à Kaolack au Sénégal 🤝 On le recroisera de l'autre côté de la frontière. Pendant ce temps, Lucie et les enfants sont parqués devant la sortie du Maroc et doivent manoeuvrer un coup en avant, un coup en arrière, un peu plus sur le gauche, au gré des passages des autres véhicules. Un joyeux bordel où tout le monde reste calme et courtois. Une fois la signature de l'Inspecteur obtenue nous sommes libres de quitter le Maroc, youpi 🤯
Il est plus de midi quand nous traversons le no man's land. Celui-ci fait environ 4km de long et n'est bitumé que sur sa partie marocaine ; autant dire que ça secoue un peu quand on passe les grosses ornières du côté mauritanien 🫨 À l'arrivée au poste frontière PK55, Alain nous dit qu'il est attendu par un gradé qui va lui faire une faveur et le faire passer rapidement. Faveur qu'il a étendu à notre famille qu'il trouve sympathique. Effectivement dis comme ça c'était alléchant, mais il se trouve que c'était un demi-traquenard. Bon déjà pour le contexte il faut savoir que les passages de frontières sont toujours plus ou moins redoutés par les voyageurs. Pour les aider dans leurs démarches des fixeurs proposent souvent leur service de manière plus ou moins déguisée en attendant évidemment une rétribution à la fin du processus. Rétribution allant généralement de 10€ à 40€ suivant le nombre de personnes, le véhicule, la frontière et la capacité à négocier 😆 Dans notre cas, après beaucoup de réflexions, nous avions prévu de ne pas prendre de fixeur pour la frontière mauritanienne et nous nous étions renseignés sur les différentes étapes à suivre.
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Le no man's land entre le Maroc et la Mauritanie |
Donc on arrive au PK55 et pour le coup Alain est accueilli chaleureusement par un mec de l'armée, ils s'embrassent et tout et tout. Le gars nous dit de donner nos passeports à une autre personne, pas en uniforme cette fois-ci, et c'est comme cela que nous nous sommes retrouvés malgré nous avec un fixeur 😔 Parce que Alain il connaissait effectivement quelqu'un dans le poste-frontière, mais cela ne l'a pas empêché comme tout à chacun de devoir faire toutes les étapes et d'y passer 5h 🥵
Oui parce que la frontière mauritanienne est réputée un peu compliquée. Il y a pas mal d'étapes, il faut aller voir la police, les douanes, la sûreté nationale, retourner voir la police, obtenir une assurance, ... Un véritable enfer 👿 Pour le coup, mis à part le côté désagréable d'avoir été traîné dans un guet-apens ce passage de frontière a été relativement serein étant donné que la responsabilité de notre passage n'était plus sur nos épaules 😌 Cela nous a laissé pas mal de temps pour discuter avec Alain, qui vient au Sénégal depuis plusieurs années et a fini par tomber amoureux d'une Sénégalaise avec qui il s’est marié et dont il a adopté la fille. Son trajet actuel, c'est son déménagement car il va maintenant habiter avec sa dame à Kaolack.
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Salle d'attente mauritanienne pour les visas |
Une fois les formalités complétées nous sommes presque libres de partir. Lucie manœuvre pour sortir du poste frontière et Matthieu montre nos documents à un gradé. C’est alors qu’Alain lui dit de donner un billet de 10€ au militaire. Matthieu, un peu surpris et avec une vigilance endormie à cause des formalités assurées par un autre, lui tend un billet de 10€. Quand il remonte dans le bolide, il dit "je crois que je viens de donner un bakchich" 😭 Et bien oui, on ne sait pas pourquoi mais c’est ce qui vient de se passer. Ce n’est pas pour la somme qu’il est énervé mais pour le geste, l’Afrique est réputée comme corrompue et cela ne pourra pas s’arrêter si les touristes payent donc nous souhaitons l’éviter au maximum.
Comme on dit, on apprend de ses erreurs… 🙄
Ensuite, Didi, le fixeur vient nous demander ses honoraires 😛 Nous avons eu beau poser des questions sur son rôle à Alain, aucune réponse claire ne nous a été fournie et Didi s’est bien gardé de nous informer. Bref, nous payons ses services mais Lucie se fait un devoir de lui expliquer que ce n’est pas une manière correcte de faire. Est-ce qu'il n’a pas l’habitude de voir une femme parler aussi franchement (tout en restant respectueuse bien-sûr) ou est-ce qu'il sent que ce n’était pas honnête ? En tous cas il ne fait pas le fier. Lucie obtiendra ensuite plus que le taux de change de nos derniers dirhams, était-ce une manière de s’excuser ? 🤔
On avait prévu de prendre un verre avec Alain à la sortie du PK55, mais la sortie du poste-frontière est étroite et Alain garé comme il le pouvait sur le bas-côté est finalement parti en nous laissant un WhatsApp car il empêchait les camions de se croiser et venait de prendre un "ami" du fixeur dans son véhicule. Camions qui eux-mêmes nous bloquaient quelques centaines de mètres en amont. Mais il a bien fait de partir sinon Lucie lui aurait aussi dit ses quatres vérités 🤬 On lui souhaite quand même le meilleur dans sa nouvelle vie.
En chemin nous croisons le soit-disant "train le plus long du monde" mais que nous avons dû voir en modèle réduit 🚄 Il s'agit d'un train transportant du minérai de fer depuis la mine de Zouerate jusqu'au port de Nouadhibou. Beaucoup de touristes essaient de monter à bord de manière informelle, qu'il soit vide ou plein mais il semble qu'il n'y ait aucun confort et que les secousses soient parfois brusques. Comparé aux trains canadiens, l'exemplaire que nous avons vu semblait drôlement petit.
C'est comme ça que nous atteignons la ville de Nouadhibou, non sans avoir déposé quelques fiches de renseignements à la police mauritanienne. Et l’opération formalités continue, car même avec un passage de frontière aussi long et fatiguant, il nous reste des choses à faire 🥵 Nous avons besoin d'argent et d'internet. La ville est construite toute en longueur le long d'un axe principal en bitume. Les voies perpendiculaires sont souvent étroites et poussiéreuses et beaucoup de bâtiments sont décrépis. Cela n'empêche aucunement un grand nombre de badauds de déambuler. C'est ici que nous commençons à découvrir les limites de notre fonctionnement monétaire, basé sur les retraits au distributeur. En Mauritanie il semble n'y avoir que trois ou quatre villes équipées de distributeurs de billets et ceux-ci ne fonctionnent pas toujours 😨 Nous en faisons les frais à Nouadhibou. Entre les distributeurs non fonctionnels, ceux qui ne prennent que les cartes de leur banque, ceux qui n'acceptent que les cartes Visa (on a une MasterCard) et ceux dans lesquels tu ne peux retirer que des petites sommes, nous aurons fait tous les DAB de Nouadhibou pour terminer à la Société Générale où nous pourrons enfin retirer des ouguiyas, la devise locale 💵 Du coup au lieu de retirer nos 300€ habituels nous prendrons plutôt 800€ pour voir venir. Ouf ! Hier, nous avons croisé une famille de voyageurs en bus qui nous a gentiment donné ses cartes sims mauritaniennes. Il nous faut maintenant trouver de quoi les recharger. C’est plus facile à dire qu’à faire mais nous finissons par trouver la seule boutique qui les recharge et même un gentil monsieur qui fait les manipulations pour nous 📱 Il faut dire que notre premier contact avec les mauritaniens est très positif, chacun s’inquiète de nous aider et nous salue gentiment 😍
On ne se pose pas directement dans la ville de Nouadhibou, mais dans la banlieue, à Cansado, près du phare. À peine sommes-nous sortis savourer la vue et l'air marin après une journée éprouvante qu'une bande de jeunes arrive. Première surprise, en majorité ils parlent bien français 🇫🇷 On discute un peu puis ils nous invitent au thé, ce que l'on accepte avec plaisir. Ils nous racontent leur vie ici, faites de plaisir simples comme des parties de football ou de partager un thé en fin de journée avec des amis. On s'attendait à un petit thé à la menthe marocain, avalé en 15 minutes de palabres mais on découvre rapidement que le thé mauritanien n'a rien à voir. Non non c'est pas une blague, ce sont les mêmes ingrédients mais la manière de le préparer et de le savourer est différente. Déjà le thé se prépare dans une petite théière et les verres qui sont servis à l'assemblée sont minuscules, l'équivalent d'un fond de verre à shooter 🥃 Le reste du verre doit être complété par de la mousse, ce qui implique un grand nombre de passages du thé, de verres en verres. Ensuite il y a au moins 3 thés à préparer et à déguster, avec tout ce que cela suppose de préparation, et ils sont de moins en moins dosés en théine, mais toujours aussi sucrés. Moulay, Alassane et leurs amis se servent d'Omela (du lait concentré) pour adoucir le deuxième et le troisième breuvage. Toute cette cérémonie aura duré un peu plus d'une heure ; il faut donc avoir du temps devant soi avant d'accepter une invitation au thé en Mauritanie 😅 Mais quel plaisir de faire cette découverte culturelle 🤩 On ne savait pas trop à quelle ambiance s'attendre en Mauritanie, ce pays islamique méconnu, mais pour l'instant nous sommes agréablement surpris par la gentillesse des gens 🥰
Le lendemain c'est journée calme. En matinée nous tentons de pêcher, encore une fois sans aucun succès 😢 Puis Matthieu sera bon pour un petit sprint marin pour aller récupérer le ballon qu'Albin a malencontreusement shooté dans la mer. Nous tentons d’aller déguster un repas d’ici, du riz au poisson, chez une petite dame conseillée par nos nouveaux amis 🍚 Pas de chance, le repas ne sera prêt qu’à 15h, beaucoup trop tard pour notre déjeuner ! Nous tentons également un petit tour à la laverie. Celle-ci est fermée mais sera ouverte ce soir. Le soir ils nous demanderont 2 jours pour laver notre linge et bien sûr ce ne sera pas possible pour nous d’attendre tout ce temps 😑
Ensuite, nous souhaitons visiter la pointe du Cap Blanc, au sud de la ville où se trouve un petit parc naturel. L'état de la route pour y accéder ne nous est pas connu mais ce n'est pas du goudron. Bon bah tant pis on part quand même voir mais une fois n'est pas coutume nous prendrons en stop un local qui se rendait justement là bas 👍 La piste est large et bien damée mais à plusieurs reprises des bancs de sable nous auraient à coup sûr dissuadé de continuer 😱 Mais notre compagnon nous indique qu'il n'y a aucun souci, ça passe facile. Et effectivement nous arrivons sans encombre à destination. Notre camarade part pêcher pendant que nous sommes accueillis par le garde du parc, Abderrahim.
Celui-ci nous présente le parc du Cap Blanc et les chemins disponibles. Attention à ne pas se perdre car la frontière avec le Maroc est proche est la zone est lourdement militarisée 🪖 La première chose que nous verrons c'est une colonie de mouettes avec quelques pélicans. D'en haut le spectacle est magnifique et on se croirait dans une carte postale mais en se rapprochant on s'aperçoit de la quantité de déchets qui traine aux alentours 😬 La réserve a été créée essentiellement pour protéger une colonie de phoques, mais ceux-ci ne sont plus dans la réserve : ils ont migré dans la zone militaire toute proche où ils sont moins dérangés. Du coup, même si la balade est très sympathique, on s'interroge sur l'utilité réelle de ce parc 🤔
Ces considérations ne nous empêcheront pas de monter dans le phare du Cap Blanc afin d'avoir une meilleure vue d'ensemble de cette péninsule.
Le parc du Cap Blanc est en fait une réserve satellite du Parc National du Banc d'Arguin, le plus connu des parcs nationaux mauritaniens. Abderrahim est donc incollable sur ce grand parc que nous souhaitons visiter mais dont nous ne connaissons pas les modalités d'accès avec notre camping-car 🛣️ Après avoir validé qu'il n'y avait aucune route bitumée dans le PNBA, nous gardons son numéro, car il connaît un guide qu'il faudrait voir à Chami…
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