🇨🇷 La vitre se brise, comme notre moral
Après notre mésaventure le long de la côte Pacifique, nous finissons par arriver à San José, la capitale du Costa Rica le 3 juin. Le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas le coup de foudre 😬 La ville n'est pas très jolie, souvent mal fréquentée, beaucoup de circulation et enfin il est très difficile de trouver à se garer. Enfin, pour être plus précis il y a plein de places le long des routes qui, étonnamment, ne sont pas utilisées. Par contre, les parkings privés sont pleins. Cela nous pose question 🤔 Nous nous voyons refuser l’accueil sur le parking d’un hôtel car la place pour camping-car est déjà prise. Nous tournons et cherchons. Et ce n'est pas faute d'avoir demandé à tous les parkings situés aux alentours de l'Alliance Française, notre prochain arrêt. Nous finissons par trouver un spot tout à fait correct en plein centre-ville, entre le Parque España et le Centro Nacional de la Cultura. Enfin "tout à fait correct", on en reparlera 🫤
Le dernier jour chez José, nous rencontrons un grand-père venu visiter la propriété avec ses deux petits-fils, Andres et Martin. Les enfants sympathisent et courent deux heures durant. Nous sommes donc invités à venir leur rendre visite le lendemain. Nous acceptons l’invitation avec plaisir mais vous en parlerons dans le prochain article 😉
Nous nous rendons pour l'instant à l'Alliance Française. La médiathèque n'est pas encore ouverte mais le café oui. Banco, mettez-nous des croissants, des pains au chocolat et autres viennoiseries 🥐 Ça nous coûte un bras mais c'est comme à la maison : délicieux et réconfortant 😋 Une fois la médiathèque ouverte nous y passons un après-midi très calme entre lecture et CD audio pour les enfants, livre photo pour Maman et boulot pour Papa.
Pour la nuit, une policière nous a confirmé que nous pouvions rester sur notre emplacement de parking "touriste" gratuitement 👮 Nous sommes en plein centre-ville, près d'un parc éclairé et en face d'un bâtiment officiel avec gardes et caméras. Tout ceci rassure Matthieu mais pas Lucie qui a un mauvais pressentiment 😨 Elle observe des personnes qui lui semblent étranges déambuler dans la rue. Mais bon, elle se rassure en se disant qu’elle est toujours un peu froussarde et elle prend sur elle. Mais ce qui devait arriver arriva : Lucie réveille Matthieu à minuit et demi après un bruit étrange 😱 Cela fait 45 min qu'elle entend des sons bizarres, deux coups puis le silence pendant 20 min. Elle s’est levée, a fait le tour des fenêtres pour observer l’extérieur à chaque fois, mais n’a rien vu. Peut-être des mangues qui tombent sur le toit ? La troisième fois, le bruit est différent. Vérification faite, c'est la petite fenêtre triangle de la portière côté passager qui a été brisée 😭 Matthieu enfile un short et, pieds nus, fait chauffer le moteur pour dégager de là pendant que Lucie sort invectiver le brigand à base de "Bravo gros malin !", mais il est déjà loin.
Il est minuit et demi, nous allons à la police par réflexe, sans trop savoir pourquoi. Besoin de trouver un lieu où l’on se sentirait sécurisé ? Mais depuis le vol de nos sacs nous savons qu'il ne faut rien en attendre. On imagine quand même qu'ils vont nous aider ou arrêter le forban ce qui rendra San José un peu plus sûr. Première douche froide car les officiers de la Delegación Policial nous renvoient à l'Organismo de Investigación Judicial. Ce service spécialisé dans la récolte de plainte est ouvert 24h/24 et effectivement une petite dame note soigneusement ce que Matthieu lui raconte dans son ordinateur 👮 Il repartira même avec une copie on ne peut plus officielle 😬 Lucie étant restée dans le camping-car avec les enfants pendant le dépôt de plainte, Matthieu revient aussi avec une invitation pour elle à venir feuilleter des livres contenant des portraits de filous. Au cas où elle aurait une demi-journée à perdre sans doute 🙄 Trois policiers encore plus spécialisés viennent ensuite récolter des preuves pour l'enquête. Comprendre faire quatre photos de la vitre brisée. Nous n'aurons jamais de nouvelles de leur part. Matthieu ne s'attendait à rien, il n'est donc pas déçu. Ils ne nous autorisent même pas à dormir dans la rue devant leur bâtiment pourtant gardé et nous envoient sur une station service à 5 minutes de là où nous passerons du coup le reste de notre nuit 😴
Le lendemain matin, Albin se réveille et regarde comme d’habitude par sa petite fenêtre. Il passe sa tête et nous observons son regard interrogateur “ben, pourquoi on n’est plus au même endroit qu’hier ?” 😄 Il a dormi tout le long des événements ! Nous avons quand même passé trois heures au milieu de la nuit à gérer le problème, s'arrêter, redémarrer, parler tout fort, mais son sommeil a été imperturbable 😂 Lise, quant à elle, a capté qu’il se passait quelque chose mais nous a demandé de rester dans son lit. Elle a donc bien dormi. Quant aux parents, ils ont des petits yeux et ressentent une lassitude. Même pas d’énervement, pas de peur, juste de la lassitude. Est-ce bien ? Pas sûr 🙃
Dans notre malheur nous avons un peu de chance, nous sommes dans la capitale du pays. Et un pays assez développé. Aussi, bien que la vitre de remplacement ne soit référencée chez aucun réparateur de vitres, l'entreprise Vitemca est capable de nous fabriquer ce verre sur mesure 📐 En une demi-heure la vitre intacte côté conducteur est démontée et les côtes sont prises pour fabriquer sa jumelle brisée. Rendez-vous dans une semaine, la fabrication n'ayant lieu que le samedi.
Autre chance, même si les modèles Ford Europe et Amérique n'ont rien à voir entre eux comme en atteste notre visite dans un atelier de la marque, nous trouvons LE serrurier spécialisé capable de nous faire un double de la clé du porteur 🥳
Avant de quitter la capitale, nous cherchons de nouvelles baskets pour Matthieu, les précédentes ayant été volées en même temps que nos sacs à dos à Marino Ballena. Il y a plusieurs Walmart, nous pensons y trouver notre bonheur 👟 Le premier magasin a un parking en sous-sol, autant dire que nous ne pouvons pas y accéder. Le deuxième n’est pas plus accessible mais la rue y est large et nous pouvons y stationner. Albin reste dans le bolide à la vitre brisée afin d’en assurer la surveillance pendant que nous filons au pas de course. Et on fait chou blanc, rien d’intéressant à mettre aux pieds 😔 Un peu déçus et gonflés, nous nous réfugions au McDonald's. On compense par un shoot de calories. Puis nous quittons cette ville de merde.
Pendant les jours d'attente de la fenêtre neuve, nous préférons ne pas rester dans une ville aussi ghetto que San José et nous nous rendons à Guapiles, à 1h30 de là. La route pour nous y rendre est épique. Il s'agit d'une petite route de montagne sinueuse, creusée entre deux parois et proposant entre deux et trois voies. La majorité des véhicules qui circulent sur cette voie d'aspect étroit sont des camions 🚛 Mais ce qui rend le tout très dangereux c'est la pluie diluvienne qui tombe sur la chaussée ⛈️ Très clairement nous sommes entrés dans la saison des pluies. Nous avions déjà constaté quelques épisodes de pluie au Costa Rica alors même que cela fait plusieurs mois que nous ne vivons qu'au soleil, mais à partir de ce moment-là, la pluie arrivera systématiquement chaque jour, le plus souvent en début d'après-midi pendant plusieurs heures. Nous nous rendrons également compte que notre camping-car n'est pas tout à fait étanche : la porte de la soute et l'une des fenêtres laissent passer de bonnes quantités d'eau 😬 Matthieu fera rapidement du colmatage pour la porte de la soute, mais la réparation de la fenêtre est encore en attente à l'heure d'écrire ces lignes.
Malgré tout cela nous arrivons sans encombre au Carribean Rainforest Sloth, une réserve privée de paresseux 🦥 Nous sommes accueillis par Miguel, l'homme à tout faire du lieu qui nous installe confortablement dans le jardin. Nous sommes enchantés par cet endroit d'où nous pouvons observer de nombreux oiseaux. Nous verrons d'ailleurs le dernier jour une paire de toucans 🤩 Nous passons plusieurs jours agréables et reposants, pile ce qu'il nous fallait après avoir été vandalisés dans la capitale. Ce n'est rien de dire que nous avons été très secoués : avoir un deuxième problème d'insécurité trois jours seulement après le premier de notre voyage nous fait prendre conscience de notre vulnérabilité en tant que voyageurs. On se sent un peu perdus, en territoire hostile et ces mésaventures nous ont surtout enlevé beaucoup de notre dynamisme et de notre envie d'en découvrir plus sur le pays et sur ses habitants ☹️ Du coup dans la réserve nous restons beaucoup entre nous, souvent dans le camping-car alors même que Miguel essaie de nous en extraire en nous montrant des animaux de ci de là. Notre activité principale consiste à déplacer le camping-car d'une dizaine de mètres deux fois par jour afin d'obtenir un maximum d'ensoleillement. Oui, pendant la saison des pluies, n'avoir que des panneaux solaires comme source d'énergie n'est pas l'idéal ⛅ Un midi, Lise nous fait des crêpes comme à la maison. Hum 😋 C'est comme si nous avions besoin de retrouver notre cocon, nos racines, de nous rassurer…
La réserve où nous nous trouvons est gérée par José, qui a démarré son projet pendant la crise du Covid (il était chauffeur touristique). Outre la partie camping, José organise surtout des explorations de faune sur son terrain. Après un petit verre de vin de fruit, nous commençons en soirée vers 18h30 alors que la nuit est bien installée, pour aller fureter autour des petits bassins qu'il a installés. Armés de nos lampes frontales nous découvrons là les fameuses rainettes aux yeux rouges, qui sont un peu l'emblème du Costa Rica et plusieurs autres espèces de batraciens et d'insectes dont nous n'avons pas retenu les noms. José est un passionné de la nature et transmet ses connaissances avec plaisir.
Le lendemain matin nous le suivons le long d'un chemin pendant qu'il nous montre des paresseux bien installés dans leurs arbres. Certains ont même des bébés 🤩 Nous en apprenons plus sur leur vie et leur alimentation ainsi que les différences entre paresseux à deux doigts et paresseux à trois doigts. Nous avions déjà vu l'un de ces animaux étonnants dans le Parque Nacional Manuel Antonio mais ils sont ici plus nombreux et probablement beaucoup moins dérangés. D'autres curiosités attirent également nos regards, comme les iguanes, des colibris ou encore ces petites plantes qui rétractent leur feuilles dès qu'on les touche 😀
La visite se poursuit ensuite dans une partie boisée le long d'une rivière à la recherche des grenouilles "blue jeans", appelées ainsi en raison de la coloration bleue foncée de leurs pattes. Elles sont toutes petites et il faut avoir de bons yeux pour les repérer, même si leur "chemise" est orange pétant 🤣 Nous croiserons également des chauves-souris assoupies dans un tronc d'arbre. José nous montrera également l'ojo de buey, des noix très dures servant localement à la création d'artisanat.
Pour terminer José nous fait ensuite faire le tour de son potager comprenant des cannes à sucre, des ananas roses Pinkglow (de la contrebande d'une variété qui se vend environ 30€ l'unité dans le commerce), de la cannelle, ... ainsi que d'autres espèces plus communes.
La visite se conclut par une dégustation de jugo de caña mais avant de pouvoir déguster il faut trimer 🥵 Après que José ait cassé les cercles les plus durs des cannes à sucre avec un marteau, les enfants les passent trois fois dans la presse pour en extraire au maximum le précieux nectar. Toute la famille se régale de ce jus on ne peut plus naturel, en particulier Lise et Matthieu 😋
Même si nous ne nous sommes pas encore remis de nos émotions, c'est sur cette note positive que nous terminerons notre séjour au Carribean Rainforest Sloth.
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