🇧🇿 Billy et les mennonites
Après un long séjour à Hopkins, nous finissons par partir pour continuer notre chemin 😌 Nous allons visiter le Billy Barquedier National Park ce 14 mars. C'est un tout petit parc national assez peu fréquenté des touristes. On n'a pas voulu aller dans les autres parcs nationaux comme Mayflower Bocawina ou St. Herman's Blue Hole pour des raisons de ratio coût/intérêt et par peur de tomber sur des lieux trop touristiques 😐 On se retrouve donc à marcher avec deux objectifs. Premièrement rejoindre le mirador du jaguar. On y arrive au bout d'une heure de marche épuisante avec un dénivelé de dingue 🥵 Notre déception est grande, après tous ces efforts la vue depuis le mirador est majoritairement bouchée par la végétation et de toute façon donnait sur une ville sans charme en contrebas 🥲 D’autant plus qu’en repartant nous devons nous décoller littéralement du banc non traité, et voilà trois shorts pleins de résine de pin 😬 Bon demi-tour direction la cascade du parc.
Sur le chemin, Albin s'arrête brusquement ! Un serpent lui barre la route 😳 Un tout petit serpent tout vert mais un serpent quand même 🐍 Et comme c'est notre premier on ne veut pas prendre de risque. On patiente donc quelques minutes puis on cherche à lui faire peur, on jette même des cailloux près de lui mais sans succès. C'est finalement en attendant patiemment qu'il monte à un arbre (oui oui) que nous avons pu avancer 😛 Renseignements pris auprès du ranger à la sortie, il n'était pas venimeux.
On arrive enfin à la cascade et là c'est OK, la cascade est mignonne et l'eau est froide sans être gelée, pile ce qu'on voulait 😁 On pique-nique sur ce lieu enchanteur avant de s'y baigner et Albin nous épate encore avec ses progrès en natation. Il arrive à atteindre seul la cascade en respirant pendant qu'il nage 🏊♀️
Dans l'après midi nous passons par la capitale Belmopan afin de nous recharger en internet auprès de l'opérateur national Digicel. À noter que Belmopan n'est capitale que depuis 1970 après avoir été construite ex nihilo suite à la quasi-destruction de Belize City par un ouragan quelques années auparavant. C'est l'une des plus petites capitale du monde avec moins de 20000 habitants et ça se voit 😀 Tiens tant qu'on en est à parler géographie, savez-vous que le Belize et le Guatemala ont un différent frontalier en cours à l'heure actuelle ? On a passé tout un repas à lire les tenants et les aboutissants sur Wikipedia mais c'est un peu barbant alors on vous résume : au XVIIIe siècle l'Espagne et la Grande-Bretagne ont signé un traité définissant les frontières de leurs colonies. Le Belize étant censé être un territoire espagnol mais occupé par des habitants britanniques, les Baymen. Les espagnols n'ont jamais réussi à les déloger malgré leurs tentatives et finalement le Belize a été intégré au Royaume-Uni comme colonie au XIXe siècle. Suite à l'éclatement de l'empire espagnol, plusieurs pays dont le Guatemala ont revendiqué leur souveraineté sur le Belize, essentiellement afin d'atiser un sentiment nationaliste dans leur pays 😤 Le Guatemala et le Belize ont soumis leur différent à la cour internationale de justice en 2019 et on attend maintenant le jugement définitif. Nous avec notre analyse de comptoir on voit mal comment le Guatemala pourrait gagner 😋
Fini le cour d'histoire, reprenons le fun avec notre arrivée dans la ville de San Ignacio. Après un passage sur un pont en bois nous nous installons en bordure de rivière dans un cadre forestier, un peu comme chez nous mais avec plus de degrés 😁 En journée les locaux viennent se rafraîchir ou remplir leurs citernes dans la rivière. Nous avions peur que cela n'indique également des fêtes tardives et alcoolisées comme au Mexique mais non, aucun bruit à déclarer pendant les trois nuits que nous y passerons 👍
Notre programme à San Ignacio comporte plusieurs étapes. Tout d'abord pour le petit déjeuner du lendemain nous nous rendons chez Pop's, un diner à l'américaine pour un petit déjeuner à base de pancakes, de bacon et d'œufs sur le plat. Rien à envier aux établissements des États-Unis mais ça fait notre bonheur 😁
Ensuite nous avons un objectif, trouver une expédition vers la grotte maya de Actun Tunichil Muknal. Nous nous sommes un peu renseignés en amont et n'avons trouvé que des prix prohibitifs 💰 On se dit qu’en allant voir sur place on trouvera peut-être un peu moins cher ou qu’on pourra négocier 😆 C’est raté, à 500€ pour nous quatre la grotte ne verra pas le bout de notre nez 😅
Deuxième arrêt au Green Iguana Conservation Project, une initiative de protection des iguanes verts de la part d'un hôtel local 🤩 Le projet est sérieux, le guide nous montre leur petite ferme d'élevage dans plusieurs cabanes grillagées, avec un intérieur style terrarium. Ils y font naître plusieurs centaines d'iguanes verts par mois, essentiellement des femelles car elles sont chassées pour leur œufs. Il semble que les œufs d'iguanes soient un met délicat, en plus de leur viande qui a un goût de poulet (l'appellation bamboo chicken sur les cartes des restaurants en témoigne). Et oui les soigneurs peuvent choisir de faire naître plutôt des mâles ou plutôt des femelles en fonction de la température d'incubation des œufs 🤯
Les touristes comme nous sont autorisés à approcher et toucher deux iguanes verts qui n'ont pas peur des humains ainsi que plusieurs juvéniles qui sont destinés à être gardés pour la reproduction. On en mettra d'ailleurs plusieurs sur les têtes des membres de notre groupe 😄 Celui de Lise sautera sur Lucie qui se retrouvera avec les deux sur sa tête. Nous avons bien ri même si certains d'entre nous n’étaient pas très détendus 😅 Le reste du troupeau est totalement séparé et même les soigneurs ne s'approchent d'eux qu'avec des déguisements afin de ne pas les habituer aux humains étant donné qu'ils sont destinés à être relâchés dans la nature 😀 Une visite vraiment chouette pour cette matinée 👍
L'après-midi nous nous rendons dans une fabrique de chocolat traditionnelle. La visite est super rapide, à près de 40€ par personne y compris les enfants pour une heure de moulinage de fève de cacao même pas produites sur place, on passe notre tour 😓
On finit la journée par se balader dans le marché plus ou moins couvert par des bâches. On trouve tout un peu trop cher comparés au Mexique et au Guatemala, en particulier les souvenirs. Mais Albin finira par craquer devant une petite percussion peinte assez jolie 😎 Nos oreilles apprécient 🥁
Le lendemain dans la matinée nous arrivons au Green Hills Butterfly Ranch, à 30 minutes de route de San Ignacio. Là-bas ils élèvent différentes espèces de papillons 🦋 essentiellement pour les vendre à l'export à des écoles ou à des collectionneurs. Donc voilà sachez qu'une seule chrysalide d'un petit papillon assez joli avec ses ailes transparentes coûte environ 2.50€ 💵
Notre visite commence dans l'une des serres à papillons, un bâtiment d'un seul tenant pas forcément gigantesque. Après nous avoir montré sous verre les différents papillons (morts) que le ranch produit, notre guide du jour nous montre tout d'abord les chrysalides, qu'ils accrochent facilement sur des micro-fibres situées dans une petite armoire. Les papillons vivent donc leur vie avec ailes ici dans cette serre. Pour ensuite se reproduire, ceux-ci pondent leurs œufs sur une espèce de plante propre à chaque espèce de papillons. Chaque jour du personnel vient donc déposer de nouvelles branches des plantes favorites des papillons et repart avec celles de la veille désormais couvertes d'oeufs 🥚 (minuscules hein). Ces branches passent dans des toutes petites cages situées dans le bâtiment d'à côté où les larves vont être élevées jusqu'à se transformer en chrysalides. Le processus est simple, chaque jour il faut remettre de nouvelles branches en enlevant celles totalement mangées. Quand vient enfin l'étape de la chrysalide, au bout de plus ou moins deux mois, celles-ci sont prélevées des branches et soit installées sur les micro-fibres de la serre pour assurer la reproduction (voir plus haut), soit emballées dans des petites boîtes pour la vente. La boucle est bouclée 🤯
Nous avons trouvé particulièrement jolis les Glasswings, des petits papillons aux ailes transparentes et une autre espèce plus grosse, les Owl Butterflies avec d'un côté des motifs représentant une chouette et de l'autre côté un joli bleu 🦋
A la sortie de la visite nous pouvons observer des colibris, que le ranch attire là grâce à du jus sucré juste pour le plaisir des visiteurs 😄 Leur balai est incroyable, ils sont une dizaine environ, tout petits mais ils ont une vitesse de battement d'ailes complètement folle 🤩
L'après-midi nous partons à l'aventure à la recherche des mennonites. Nous entendons parler de ces communautés originaires des Pays-Bas, de Suisse et d'Allemagne depuis notre entrée au Mexique 🤨 C'est peu dire que leur couleur de peau dénote un peu dans le paysage (ils sont blancs non métissés). Beaucoup de ces communautés fonctionnent encore comme à l'ancien temps, sans électricité ni moteur à explosion 😮 Si le lieu n'est pas touristique alors les routes qui mènent à leurs fermes (ils sont tous plus ou moins fermiers) sont en terre battue, tout juste suffisantes pour faire passer leurs carioles traînées par des chevaux. Car oui les mennonites refusent le progrès mais ne sont pas pour autant enfermés dans leur communauté ; comme ils sont particulièrement réputés pour leur talents de fermiers ils vendent assez souvent leur production dans des farm markets ayant une certaine notoriété.
Dans notre cas nous avons été dirigé vers la communauté de Centerville. Nous avançons sur la piste de terre depuis plusieurs kilomètres. Heureusement que de petits panneaux faits maison nous indiquent à intervalle régulier que nous sommes sur la bonne route sinon nous aurions fait demi-tour 🚚 Quand au bout d'un moment on arrive au milieu de plusieurs fermes on pense être arrivés. Mais bon bah pas de panneaux, pas d'enseignes, pas d'indications 😬 Matthieu va donc héler un paysan qui sortait justement de son champs avec une tenue typiquement mennonite. Celui-ci lui indique qu'il n'y a pas de marché fermier à Centerville mais que pour que nous fassions la connaissance de mennonites nous n'avons qu'à venir chez lui 🤯 On s'empresse d'accepter et nous voilà à le suivre sur sa bicyclette.
Arrivés chez lui, il nous présente sa femme et tous les deux nous font une petite visite de leur intérieur neuf, propre et bien entretenu. Toute la cuisine se fait sur ou dans une grande cuisinière à bois, ils ont un évier avec de l'eau ainsi qu'une machine à laver manuelle 💪 On s'installe sur leur patio et on commence à discuter. On commence tranquillement avec un peu d'histoire et l'origine des mennonites en Suisse puis on se décrit mutuellement nos familles et nos origines respectives ; dans leurs cas ils ont actuellement 56 ans et ont 12 enfants de 10 à 34 ans. Lui a une ascendance allemandes tandis qu'elle vient plutôt de Russie.
Jusque là on ne sait pas trop à quoi s'en tenir ; on pense plus ou moins venir voir des hurluberlus membres d'une secte qui refuse le progrès en n’ayant peu de connaissances sur le monde extérieur. Nous cherchons à mieux comprendre leurs motivations autour d'une discussion ouverte. Mais au bout d'un moment on se rend compte qu'ils ne sont pas si illuminés que ça et que nous avons beaucoup plus de points communs avec eux que de divergence. Et ils sont très au courant du fonctionnement du monde extérieur.
Les mennonites considèrent en effet que la société de manière générale et les gouvernements en particulier n'œuvrent pas pour les intérêts des habitants voir même qu'ils cherchent à les asservir 😈 Cela résonne dans nos têtes et on transpose assez facilement : qui en France peut dire que notre gouvernement travaille pour notre bien 😬 ?
Dans cette logique ils refusent d'utiliser les banques qui pourraient être amenées à les priver arbitrairement de leurs économies. Ils refusent les téléphones et internet car il est difficile de distinguer le bien du mal dans ce qui s'y trouve, en particulier pour les enfants. Bref ils veulent rester autant que possible hors du "système" afin de ne pas en dépendre. Ils préfèrent se contenter de travail manuel à portée pratique (agriculture et élevage pour se nourrir, menuiserie pour se loger, ...) et souhaitent être aussi autonomes que possibles et de ne pas dépendre de l'extérieur pour survivre. Exit donc les raccordements aux réseaux, les supermarchés et les hôpitaux, bonjour l'eau de la rivière, le travail de la terre et les herbes médicinales. Bien sûr il y a des exceptions : ils préfèrent envoyer un de leur membre à l'hôpital 🏥 plutôt que de le laisser mourir et il y a quelques moteurs cachés dans les scieries. On se retrouve un petit peu dans cette démarche, ayant tenté à toute petite échelle de faire un potager 🥬
Évidemment la religion est extrêmement présente dans leur vie ✝️ Ils vont à la messe trois fois par semaine et le soir chantent fréquemment des cantiques en famille. C’est d’ailleurs la base de leurs croyances. Rester simples, sobres, dans le respect des préceptes de Dieu. Ils suivent les conseils de Menno, un prêtre du XVIe siècle qui, selon ce qu’on a compris, a repris toute la lecture du nouveau testament en ne l'interprétant pas mais en suivant les préceptes tels quels. Ce qui a créé ce nouveau mouvement anabaptistes qui deviendra les mennonites.
Au moment de partir, le couple nous offre un pain et du beurre fait par eux même 🎁 Cela nous touche beaucoup, nous aussi avions l'habitude de faire notre pain et parfois notre beurre. Nous partons un peu désolés de les quitter aussi vite alors que nous nous sentions bien chez eux. Nous aurions probablement aimé rester quelques jours chez eux mais probablement par peur nous ne leur avons même pas demandé 😔 Dans nos têtes leur réponse aurait forcément été un oui enthousiaste.
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